Depuis l'origine, l'homme utilise des moyens de défense ou de combat : des lance-pierres, des bâtons, des
javelots, des arbalètes pour chasser, etc. : outils élémentaires dans l'art de combat.
Depuis la dynastie des Huns, et ce à travers quatre mille ans d'histoire, le peuple vietnamien a naturellement
possédé des techniques de combat, seuls moyens de pouvoir établir une nation et de la sauvegarder.
Les images gravées sur des tambours de bronze Ngoc Lu Hoang Ha et des vases Dao Thinh représentaient les
soldats au combat, armes en main dans des positions similaires aux positions de base de notre Art Martial.
Mais ces positions-là étaient vraiment simples et rudimentaires. Elles avaient peut-être pour but d'exploiter les capacités naturelles de l'homme, mais en aucun cas des techniques d'entraînement de haut niveau. Il ne pouvait pas être appelé une " organisation " d'Art Martial de l'époque.
Il faut attendre le IIIe siècle avant J.-C., à l'époque de la grande dynastie An Duong Vuong pour que l'Art Martial
Vietnamien soit élémentairement structuré. A l'époque de Thuc Phan les combats à mains nues étaient assez développés. L'histoire racontait que neuf seigneurs luttaient pour le trône contre Thuc Phan, après la mort de son père Thuc Che et décrivait des scènes de combats à mains nues qui duraient plusieurs jours.
Dans ce cadre historique, était né Ly Than, dit Ly Ong Trong, dans un village de Chem à coté de Hanoï. Adolescent, il était très grand, une santé de fer, et une force hors du commun, malgré cela il était très humble.
Il disait souvent à ses copains que pour battre un buffle nul n'a besoin d'être plus fort que lui, mais d'utiliser les
techniques. Il commençait alors à mettre au point des techniques d'attaque et de défense en étudiant, observant les bagarres des paysans, des soldats ; les combats de coqs, les coups de pied du cheval, les chats saisissant leurs proies, etc. C'étaient donc les premières techniques structurées. Grâce à ses dons naturels, et avec les techniques qu'il avait mis au point, Ly Than devint vite le champion du village et de la région . Il était aussi doué dans le maniement des armes. Mais c'était le bâton son arme préférée.
Pendant ce temps, en Chine, Tan Thuy Hoang, parvenait à réunifier la Chine, à construire un grand empire,
obligeant les pays vassaux à payer des gages de soumission, lesquels comportaient non seulement de l'or, de la
richesse du pays mais aussi la livraison des meilleurs ouvriers et des meilleurs combattants. Cette année-là, Ly Ong Trong faisait partie du lot. Il fut affecté au corps militaire en Chine. Grâce à son talent, il fut promu au commandement d'un régiment dans la guerre contre les Huns Mongols. Vainqueurs des Huns dans la bataille de Cam Tuc, il devint Hieu Uy (l'équivalent d'un général) et eut la charge de la défense de Van Ly Truong Thanh (la Grande Muraille). Pendant des années, maître d'une région hostile, il arrivait à mater les Huns. Agé, il demanda à l'empereur Tan Thuy Hoang de se retirer dans son pays. Ce qui lui fut accordé. Il revint à Chem et ouvrit une école pour léguer son expérience dans l'art du combat qu'il avait mis au point et amélioré dans ses nombreuses batailles.
L'Art Martial Vietnamien était né.
A partir de là, l'Art Martial Vietnamien dont Ly Ong Trong est l'ancêtre commençait à se développer
naturellement dans la couche paysanne. Pour le peuple vietnamien, c'était vraiment une arme efficace pour se défendre et défendre le village, et la nation.
Ailleurs en Asie, les Arts Martiaux appartenaient à une couche sociale bien précise, et avec les événements
historiques cette couche sociale devenait une classe noble.
En Inde, la classe Kchatrya, comportait des combattants possédant les meilleures techniques de combat.
Ils étaient classés au même niveau que les nobles.
Au Japon, il y avait les samouraï que tout le monde respectait.
En Chine, les grandes écoles d'Arts Martiaux se sont formées comme les Thieu Lam, Nga Mi, etc. Ces gens-là formaient une classe à part entière.
Au Vietnam, par contre, l'art de combat venait de la couche paysanne et se développait avec elle.
Le Viet Vo Dao n'est pas l'invention d'un seul mais l'œuvre de tout un peuple qui, au cours de son histoire a dû
lutter pour survivre.
S'il est difficile d'établir avec précision sa date de naissance peut-on néanmoins supposer qu'elle remonte à
l'époque où l'ancien Vietnam s'étendait encore sur la partie du sud de la Chine actuelle, jusqu'au fleuve Duong
Tu Giang (Yang Tse Kiang ou Fleuve Jaune) il y a cinq mille ans. On s'accorde à honorer l'empereur Hung Vuong 1er le fondateur du Vietnam, comme fondateur du Viet Vo Dao. En effet, sous la dynastie des Hung Vuong (2879-258 av. J.-C.), l'Art Martial Vietnamien ainsi que la médecine traditionnelle se sont structurés parallèlement à la philosophie.
L'histoire du Viet Vo Dao est étroitement liée à l'histoire du peuple vietnamien. Les époques suivantes marquent son évolution.
Période de la formation des techniques (2879-111 av. J.-C.)
L'Art pariétal au nord Vietnam découvert sur les parois des grottes ainsi que des objets de musée trouvés à Dong
Son, province de Thanh Hoa, et à Chapa (Lao Cai) constituent les premiers éléments de recherche. Les fouilles effectuées à la citadelle de Co Loa ont abouti à la découverte de nombreuses pointes de flèches datant de cette époque et qui confirment les interprétations des dessins gravés sur le tambour Ngoc Lu, pièce de musée très connue, révélant l'existence de l'Art Martial Vietnamien. Ces découvertes permettent de conclure que, outre les techniques de combat à mains nues, les Vietnamiens connaissaient déjà l'art du Bua Riu (la hache), Doan Dao (sabre court), Guom (sabre), Thuong (lance), Bong Phap (bâton), Cung (arc), etc.
Période de la formation des théories (111 av. J.-C.)-906 après J.-C.
Cette époque marque l'invasion chinoise. Pour mieux lutter contre l'ennemi, l'Art Martial en tant que moyen de défense va s'associer à l'art militaire, et se développer sur trois plans : perfection des techniques, formation des stratégies et élaboration des théories. Avec des personnalités et figures marquantes telles que Trieu Quang Phuc, Trung Vuong, Ly Nam De, Do Cai Dai Vuong, plusieurs théories ont pris naissance :
- La théorie " Di Doan Thang Truong " (Théorie de la supériorité des techniques rapprochées).
- La théorie " Di Nhuoc Thang Truong " (Théorie de la souplesse contre la force).
- La théorie " Ky Tap Chien Phap " (Principe des surprises).
- La théorie " Ao Anh Bi Phap " (Le secret des illusions).
- La théorie " Phan Tan Bien Phap " (Méthode des esquives sans résistances).
Ces théories servaient non seulement de principes directeurs pour l'art militaire, mais apportaient aussi à l'Art
Martial Vietnamien des fondements précieux pour des recherches, des inventions techniques les plus riches.
Période de développement (906-1009)
Cette période marque l'emprise de l'Art Martial sur l'art militaire. Les rois Ngo Quyen et Dinh Bo Linh étaient des remarquables maîtres d'Arts Martiaux et des stratèges de guerre. Les connaissances en Art Martial sont appliquées dans les théories militaires, dans l'organisation de l'armée et dans les méthodes d'entraînement des combattants pour la conquête de l'indépendance nationale.
Période de perfection et de popularisation (1010-1527)
Sous l'influence du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme, l'Art Martial repose désormais sur une base
philosophique riche et solide. Avec l'indépendance stable et durable du pays, il est devenu un art de la vie visant à l'élévation de la valeur de l'homme. En parallèle avec la richesse de la philosophie, les techniques ont atteint à cette période le plus haut niveau.
Sous la dynastie des Ly (1010-1225) tous les mandarins et fonctionnaires devaient pratiquer l'Art Martial. Même les dames de la cour s'y adonnaient pour montrer l'exemple.
Sous la dynastie de Tran (1225-1400), les grades de Licence es Arts Martiaux, Docteurs es Arts Martiaux ont été
créés conjointement à la Giang Vo Duong (Académie des Arts Martiaux). Le général Tran Hung Dao, vainqueur des Huns Mongols, a laissé plusieurs ouvrages sur l'Art Martial Vietnamien à côté de ses deux livres de la guerre bien connu au Vietnam : " Binh Thu Yeu Luoc " (Précis de l'Art de la Guerre) et " Van Kiep Tong Bi Truyen " (Secret des stratégies).
En 1284, au jour de la fête Trung Thu (mi-automne), le généralissime Tran Hung Dao invitait tous les dirigeants des écoles d'Arts Martiaux Vietnamiens à une réunion pour leur faire part de la menace imminente d'invasion des Huns et leur demandait de s'unifier. A l 'issue de cette réunion, pour la première fois toutes les techniques étaient présentées et ainsi codifiées. Grâce à cet esprit d'union nationale, les Vietnamiens ont pu contenir l'invasion des célèbres Huns Mongols. La plupart des anciens livres traitant l'Art Martial Vietnamien avec des techniques codifiées dataient de cette époque. Le livre le plus précieux doit être celui de Tran Quang Khai Chieu Minh Dai Vuong (1241-1294) intitulé Linh Nam Vo Kinh (l'Art Martial Vietnamien) car il constitue le document historique permettant de comprendre tout le fondement et l'essence de Viet Vo Dao.
De 1414 à 1427, le Vietnam est passé sous la domination des plus terribles chinois de la dynastie des Ming. Ils ont voulu effacer le Vietnam de la carte du monde. Les exécutions de masse avaient eu lieu sans raison. Tous les livres vietnamiens étaient consignés, les uns expédiés en Chine, les autres tout simplement brûlés dans l'esprit d'anéantir la civilisation vietnamienne. Cette période d'horreur avait eu des conséquences très lourdes pour l'Art Martial inhérent à la culture vietnamienne. Plus tard, dans certains manuels publiés en Chine, l'auteur mentionne clairement qu'il reproduit textuellement certains passages puisés dans des documents vietnamiens sans vraiment comprendre le sens.
Il est à remarquer que dans l'histoire du Vietnam devant ces répressions, l'Art Martial Vietnamien a pu trouver
dans des circonstances les plus défavorables la force nécessaire pour garder et exprimer toute sa personnalité. Plus que jamais il est devenu également un moyen d'éducation apprenant à l'homme à résister dans les circonstances les plus difficiles et dans les conditions matérielles les plus limitées. L'esprit du Viet Vo Dao a donné à son peuple durant ces rudes épreuves, l'efficacité et la persévérance nécessaire pour reconquérir son indépendance en 1427.
Période de la division (1527-1802)
Cette période marque la division du pays et la lutte entre les seigneurs. Les rivalités, les antagonismes ont fait que le Viet Vo Dao fut divisé en différentes écoles. Pourtant chaque école ne représente qu'un certain aspect du Viet Vo Dao.
Plus tard les disciples de chaque école se croient eux seuls détenteurs du véritable Viet Vo Dao, d'autres confondent le maître de son école avec le fondateur des techniques. Heureusement, il existe en dehors de tous ces conflits de véritables maîtres qui constituent le corps des sages pour assurer la transmission des connaissances. Le symbole de ces maîtres pendant cette période de remous était incontestablement La Son Phu Tu. Il possédait, outre les connaissances en Art Martial et art militaire, des connaissances de mathématiques et des sciences traditionnelles. Il vivait très simplement retiré à la montagne. Ses disciples étaient des grands personnages de l'histoire du Vietnam, parmi eux on compte l'empereur Quang Trung.
Période de la décadence (1802-1945)
Cette période marque la dynastie de Nguyen et la colonisation française. En début du XIXe, la puissance industrielle a ébloui le Vietnam jusqu'à lui faire perdre sa confiance en les valeurs humaines. Devant les armes modernes, l'Art Martial s'est dépassé sur le plan de l'art militaire.
Sous la colonisation française (1863-1945), l'Art Martial Vietnamien, frappé d'interdiction, fut complètement
brisé à un point tel que les jeunes ignoraient pour la plupart son existence. Heureusement, l'entraînement se poursuivit dans la clandestinité, avec des élèves, disciples soigneusement sélectionnés. De ce fait, les élèves ne connaissent que leur école, les techniques étaient parfois déformées et différentes d'une école à une autre.
La renaissance (1938)
Elle a commencé avec le Maître Nguyen Loc, l'homme qui a consacré toute sa vie pour faire jaillir des connaissances millénaires une nouvelle ère du Viet Vo Dao.
Le Maître Nguyen Loc naquit en 1912 à Huu Bang, province de Son Tay, au Tonkin, Vietnam. Dès son jeune âge, il se consacra à l'étude de l'Art Martial et de la philosophie vietnamiens. Sur les conseils de son Maître et afin de bénéficier les enseignements des maîtres les plus compétents, il partit en voyage dans le pays.
Ainsi fut-il amené à découvrir d'innombrables documents anciens jusqu'alors dispersés et ignorés.
En 1938, discrètement il commençait à structurer les techniques, les transformait avec l'esprit créatif, imposait
des principes de base, des méthodes d'entraînement afin de donner au peuple vietnamien un Art Martial codifié
et unifié. Il l'appela Vo Viet Nam (Art Martial du Vietnam). Après une période de développement et ayant pour objectif de la propager à l'étranger, sur les conseils de ses proches le Vo Viet Nam devint Vovinam pour en faciliter la prononciation. Il mit à la lumière les fondements philosophiques de l'Art Martial Vietnamien afin de redonner au Vovinam sa véritable vocation.
Sept ans après, en 1945, le Maître présente officiellement le mouvement à Hanoï et dispense son enseignement
au grand public. Ainsi fut lancé le mouvement Vovinam Viet Vo Dao.
En 1960, avant de s'éteindre à Saïgon, entouré de ses disciples, le Maître a prononcé ses derniers voeux et laissé
son testament, ses oeuvres ainsi que d'anciens livres. Il a également désigné son successeur Maître Le Sang, et conseillé ses disciples d'aller propager le Viet Vo Dao dans le monde.
Le 2 août 1962, le Maître Phan Hoang quitta le Vietnam avec pour mission d'étudier la situation des Arts Martiaux dans les pays étrangers, particulièrement les pays voisins du Vietnam et les pays d'Europe.
Après plus de dix ans de travail et de voyage, le Maître Phan Hoang a réussi à implanter le Viet Vo Dao dans de
nombreux pays et à réunir les Maîtres Vietnamiens enseignant dans différents pays le Viet Vo Dao authentique
mais sous diverses appellations. Cette œuvre a été concrétisé par la création le 1er décembre 1973 de la fédération Internationale de Viet Vo Dao, appelée couramment International Viet Vo Dao.
Ainsi est né le mouvement Viet Vo Dao International.
De nombreux pays tel que l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, le Maroc, la Grande-Bretagne, le Canada,
les Etats-Unis, etc., et la France en sont membres.